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Dernière lettre de Cyrille Jacquemin

Liège Citadelle, le 29 novembre 1943.
 
Ma petite Maman chérie, petit Papa chéri, mon cher petit frère, petite Sœur chérie et sa petite famille et enfin tous mes chers Parents, tantes et oncles.

 

Il s'agira de montrer beaucoup de courage car moi-même en ce moment il m'en faut une bonne dose, demain au lever du jour j'irai avec six compagnons rejoindre la place que le Bon Dieu dans sa miséricorde à bien voulu mettre ma disposition.

 

Il est inutile de se lamenter, car j'ai mis toute ma confiance dans le Sacré-cœur de Jésus, il a décidé que mon heure était venue que Sa Sainte Volonté soit faite.

 

Pour la dernière nuit, on nous a permis de faire un souper extraordinaire, il est actuellement 21 heures, il nous reste quelques minutes à vivre et je vous assure, Maman et Papa que mon moral est bon, je suis persuadé qu'une autre vie va commencer pour moi, soyez tranquilles mes Parents chéris, nous sommes assisté d'un aumônier militaire qui va nous dire la Sainte Messe, nous confesser, nous distribuer la Sainte Communion donc en un mot nous conduira certainement sur le chemin du Paradis.

 

Je voudrais aussi que mon cher Papa, revienne au Bon Dieu, c'est la seule chose que je demande avant de mourir.

 

Du haut du Ciel je veillerai sur vous demanderai au Bon Dieu que vous puissiez mourir saintement également, de cette façon, nous nous retrouverons ensemble dans le monde du Seigneur.

 

Depuis que je suis arrêté, j'ai prié beaucoup la Sainte Vierge et les Saints pour que le Bon Dieu m'accorde une petite place dans son Royaume et qu'il vous donne la force de supporter avec résignation l'épreuve qu'il a daigné vous envoyer.

 

J'ai passé aussi une vie jusqu'à présent pas du tout en rapport avec les Commandements de Dieu aussi petite Maman chérie, petit Papa bien-aimé et petit frère, que ceci serve de leçon à ceux qui font fi de la Loi divine, vous savez que les pensées d'un condamné sont sacrées.

 
Demandez à monsieur le Curé Gérard qu'il ne garde pas un trop mauvais souvenir de moi, lorsqu'on est jeune on ne réfléchit aine il le faut, demandez aussi qu'il pense moi dans ses prières, c'est ce dont j'ai le plus besoin. Petite Maman chérie, pensez à notre Joseph il ne faut pas oublier qu'il ne vous reste que lui, c'est pourquoi il faut être bien courageuse aussi pour mon petit Papa.
 
A vous deux, vous représentiez, toute mon affection, car vous savez a quel point je vous chérissait. Je demande aussi mon Papa qu'il fasse la paix avec tante Thérèse qui est ma marraine, la vie est tellement courte qu'il est inutile de de se chamailler pour des vétilles. Au sujet de tante Thérèse qui est ma marraine, je meurs en gardant d'elle un bon souvenir, ainsi que de mes cousines Léopoldine, Victor et petite Thérèse, mes meilleurs pensées également à Yvonne et petit Jean, quand à Jean je remettrai mes bonnes pensées à son papa qui est déjà au Ciel.
 
Dites leur aussi que je beaucoup à et j'espère les retrouver là-haut dans de nombreuses années.
Comme souvenir vous recevrez mon chapelet, mon livre de messe ainsi qu'un quart de kilo de sucre, vestige de mon dernier souper, cela n'est pas énorme mais dans ma situation j'aurais difficile de faire mieux. Du courage...encore du courage...et toujours du courage...

 

Demandez au Bon Dieu la grâce de pouvoir supporter ce qui vous frappe en ce moment.

 

J'ai tellement confiance en Sa Miséricorde, que c'est le sourire aux lèvres que j'appréhende le moment fatal. Vous ne pouvez pas montrer moins de courage que moi.

 

Que pourrais-je encore vous dire mes petits Parents chéris que j'emporte de vous des souvenirs ineffables, vous avez toujours veillé mon bien-être, et vous vous êtes prives pour me donner une bonne instruction, et surtout je vous remercie de m'avoir élevé dans la foi chrétienne, je regrette seulement de ne pas l'avoir toujours suivie, mais je vous l'ai déjà dit,j'ai confiance illimitée en la Miséricorde divine. Je voudrais pouvoir dire tant de choses mais mon esprit se refuse à les exprimer. Tout ce que je sais c'est que je vous aime de toutes mes dernières forces et ce que je demande c'est de prier, pour le repos de mon âme, prier pour ceux qui s'écartent de la religion.

 

Unissez vos prières Chère Maman et Cher Papa, afin qui Bon Dieu, me réserve une petite place parmi les élus.

 

Tout ce que je puis dire c'est que je meurs en bon belge, c'est la guerre, chers petits parents, il faut en subir les conséquences d'après la volonté du Bon Dieu.

 

Il est 11 heures 10, les heures filent avec rapidité, c'est incroyables comme elles sont courtes, et malgré cela le moral reste bon, vous pouvez vous vanter d'avoir un fils au cœur bien trempé.

 

Pour chez tante Léonie, la première chose qui importe c'est d'assurer ma petite cousine Germaine et Loulou, que je vais aller trouver notre cher et regretté Gaston, qu'elles soient assurées toutes deux que je vais lui porter leurs meilleures pensées et la façon dont elles savent se souvenir de leur cher disparu ; cher Oncle et chère Tante recevez aussi mes dernières pensées ; Oncle Alphonse continuez bien vous occuper du Secours d'Hiver car il procure quelque bien aux malheureux. La même chose pour Oncle Sylvain, tante Julie, mes chères petites cousines et Flore, une pensée aussi à Simone.

 

Prenez tous courage la guerre va bientôt finir sans doute. Parrain Louis, oncle Henri et tante Julienne, mes bon baisers. Oncle Jérôme, tante Élisabeth, chers Maurice. Jeanne, Marcel et le cher petit Jean. Une bonne pensée à Paquay Armand, Bleret Charles et tous mes amis de la Société Dramatique que je quitte à la fleur de âge mais résigné de mon sort, Marcel Forestier. Jean et sa famille adieu.

 

Quant la famille Riga, à mon vieux Ghislain. et Émile, qu'ils ne m'oublient pas dans leurs prières, car je prie moi-même pour que leur Cyrille revienne bientôt.

 

Je n'oublie pas non plus Damien et tous les membres de sa famille ainsi que les habitués de la maison, en un mot, je fais un effort pour n'oubliez personne de ceux que j'aime et qui m'ont aimé.

 

Remettez aussi un bonjour chez Monsieur Lejeune et la famille, chez Madame Cornélis. chez Laroke.

Pour ma montre, chers Parents je la lègue mon petit frère qu'il la porte surtout en souvenir de moi et qu'il vous chérisse tous deux comme vous le méritez et...pour nous deux.

 

Quant à ma petite sœur, j'espère que son ménage sera bientôt rétabli, dans le bonheur à trois : à eux aussi ainsi qu'à toute la famille, je leur transmets mes plus tendres baisers.

 

Dans mon petit paquet vous trouverez quelques photos que j'ai dédiées comme souvenir de celui qui vous aime maintenant plus que jamais.

 

Soyez surtout courageux, chers petits Parents, c'est aussi une de mes dernières volontés.

 

Il est minuit, le temps diminue, encore quelques heures et la vie éternelle commencera pour moi, tu vois petite Maman et petit Papa que je suis courageux ma main ne tremble même pas et pourtant c'est à vous que je pense, à la douleur effroyable qui va vous frapper, nous étions si heureux en famille, mais ne faisons pas sentiments, l'heure approche et rien n'y fera.

 

Que la Volonté de Dieu s'accomplisse. Soyez fiers de moi. petits Parents chéris je meurs innocent victime des événements.

 

Dans mon paquet il aussi une pipe. Cher Papa veux-tu me faire le plaisir de la garder et fumer si tu as du tabac, en mon souvenir ; Toi, petite Maman je te laisse mon chapelet et mon livre de messe, ce qui me reste faite en ce que vous voudrez.

 

Encore un million de bons baisers à tous, l'instant approche, soyez courageux, forts, demandez aide au Sacré-cœur de Jésus.

 
Pardonnez-moi pour toutes les fois que je vous ai peinés. Compliments à tous et encore une fois, Maman chérie. Papa chéri, Frère bien-aimé, mes plus tendres baisers. Du courage-Au revoir. Toujours votre petit. Cyrille
 
P. S. Petite Maman chérie, quand tu viendras rechercher mes affaires, mets-toi en rapport avec l’aumônier qui m'a assiste cette nuit. Pour souvenir, Cyrille.
 
N'oubliez pas tante Louise et toute la famille, ainsi que oncle Joseph, tante Alice et Alice, eux aussi bons baisers et au revoir.
 
Ayez confiance en Dieu. Il ne vous abandonnera pas lions baisers Votre fils - Cyrille

 

Mes heures se sont passées à cette place- Priez. Courage.

 
Un bon baiser tous.
 
J'ai aussi un imperméable réclamer à la Police Belge de Verviers Je vous aime. Bon baiser - Cyrille.

 

Encore 30 minutes moral reste bon.

 

 

 

Cyrille Jacquemin 

 

 

 

Geer, le 11-08-1918
Fusillé la Citadelle de Liège, le 30 novembre 1943, comme otage désigné



20/09/2018
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